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Le blog pro de Barbara Merle

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L’endotoxémie, cette inconnue…

Publié par Barbara Merle in Maladies cheval, Endotoxemie, Soins vétérinaires, Diganostic difficile, Etat de choc

Associée la plupart du temps à d’autres pathologies, cette maladie- ce syndrome plus exactement- est méconnue de la plupart des propriétaires… Mais pas des vétérinaires… Sitôt diagnostiquée, l’endotoxémie doit être prise en charge au plus vite.

Lorsque les vétérinaires parlent de cette affection aux propriétaires de chevaux malades, ils la nomment le plus souvent « état de choc ». Très complexe pour des non scientifiques, elle est souvent difficile à repérer parce qu’elle est la plupart du temps une complication d’affections très diverses : colique, septicémie, arthrite, broncho-pneumonie, abcès, plaies… Elle est un enchainement de phénomènes pathologiques qui intervient sur des chevaux déjà atteints. A l’origine, les endotoxines qui sont les éléments constitutifs de la paroi bactérienne. Le déclencheur : leur libération et leur action par les bactéries, appelées Gram négatif (*) dans la circulation sanguine générale. « Ces bactéries, présentes à l’état naturel dans le tube digestif, constituent donc une source potentiellement importante d’endotoxines lorsque la barrière intestinale est compromise, à l’occasion de diarrhées ou de coliques par exemple. L’endotoxémie est assez fréquente, par exemple dès que la colique est grave ou qu’elle dure suffisamment de temps pour stopper le transit intestinal. Elle est difficile à diagnostiquer au départ, car elle est ‘’cachée’’ par l’autre pathologie, mais elle peut évoluer rapidement. D’où la nécessité d’être alerté par les premiers symptômes, » explique Agnès Leblond, professeur en médecine interne des équidés de Vet’Agro Sup, l’école nationale vétérinaire de Lyon et à l’INRA, l’Institut National de Recherche Agronomique. Il existe plusieurs symptômes, certains ne sont pas particulièrement spécifiques à cette affection, abattement, fièvre, … et d’autres qui doivent, en revanche, mettre très rapidement sur la piste de l’endotoxémie : muqueuses pâles au début et qui deviennent rouges, tachycardie, sudation, les extrémités froides et un temps de remplissage capillaire supérieur à 2 secondes (la modification de la couleur des muqueuses lorsque l’on fait une pression dessus). « Lors de coliques, la fièvre associée est un signe également quasi certain de ce syndrome. Quand le choc endotoxémiique progresse, les muqueuses deviennent bleues et le cheval sera plutôt en hypothermie. Il faut donc traiter au plus vite dès les premiers signes cliniques avant même un diagnostic étayé par des examens sanguins. » Les traitements mis en place par le vétérinaire permettent, dans la plupart des cas, non pas de supprimer les endotoxines mais d’en réduire les effets. Ils consisteront principalement en une perfusion, l’injection d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires. « Et l’amélioration doit être rapide dans les cas de coliques. Sur les broncho-pneumonie ou septicémie, elle se fera sous 24 à 48h. Ces traitements sont efficaces si l’on s’y prend au plus tôt et que l’on arrive à protéger les fonctions vitales. »

Une pathologie diffuse, complexe, difficilement identifiable au départ, mais qui peut engager assez rapidement le pronostic vital. D’où l‘importance pour le propriétaire de parfaitement bien connaître son cheval, d’être attentif au moindre changement de comportement ou d’état général… et savoir effectuer quelques examens de base : identifier une muqueuse saine et malade, procéder au test de remplissage capillaire, prendre la température corporelle, identifier une température anormale des extrémités… afin d’alerter le vétérinaire au plus vite et à bon escient !

(*) Bactéries Gram négatif : une catégorie de diverses bactéries dont les salmonelles, les colibacilles, ou celles responsables de la peste, du choléra, de la méningite bactérienne…

Le vrai faux

Le cheval meurt-il directement de l’endotoxémie ou des pathologies associées ?

« Ce qui est mortel, c’est la diminution du flux sanguin dans les tissus périphériques (reins- cœur-foie) provoquée par les endotoxines. Ces organes ne sont alors plus perfusés correctement et arrêtent de fonctionner. »

Le vrai faux

Les bactéries en cause sont multiples

« Oui, différentes populations bactériennes vont la provoquer, des bactéries comme E. coli et Salmonella typhimurium… Mais en temps normal, la barrière intestinale est efficace pour empêcher l’absorption de ces endotoxines et le transit intestinal permet aussi de limiter leur production. »

Le vrai faux

On ne peut pas supprimer les endotoxines…

« Non, dans la plupart des cas. Mais, cela dépend de là où elles se trouvent. Si elles sont libérées dans l’utérus de la jument, on peut faire un lavage utérin. Si cela concerne une plaie, on peut également les supprimer en nettoyant. »

Le vrai faux

Existe-t-il un vaccin ?

« Non, pas encore en tout cas. En revanche, des sérums ont été testés mais ne semblent pas très efficaces. Alors qu’un vaccin existe pour le tétanos qui est une toxine produite par une bactérie gram négatif, Clotridium tetani. »

Le vrai faux

Un cheval qui en a déjà été atteint est-il plus à risque ?

« Non, cela n’a pas été prouvé. »