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Le blog pro de Barbara Merle

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Coup de sang : c’est raide !

Publié par Barbara Merle in Sporst equestres, Maladies du cheval, Coup de sang, Myosite, Myoglobinurie

On la connaît avant tout par ses appellations communes, mais elle porte aussi plusieurs noms scientifiques. Le « coup de sang » ou « maladie du lundi » est une pathologie courante qu’il ne faut pas négliger pour autant.

Vous trouvez un matin votre cheval raide et en sueur ? Il est vraisemblablement atteint de myosite aigue ou d’un « coup de sang » qui touche le système musculaire. « Selon le degré de gravité, la raideur se situe soit sur une zone particulière, les fessiers, le dos, les membres, soit peut toucher tout le corps du cheval. Dans les cas les plus sévères, les muscles peuvent être gonflés. Le niveau de sudation dépend aussi de l’atteinte. Un des éléments qui doit également alerter, c’est la couleur des urines, qui sont plus foncées, qui peuvent quasiment être noires dans les cas extrêmes. Les cellules musculaires détruites libèrent en effet une toxine (myoglobine) éliminée par les urines et, selon l’état, les reins peuvent être aussi touchés, » prévient Mickaël Robert, vétérinaire équin à l'Ecole vétérinaire de Nantes (ONIRIS). Le pronostic vital peut ainsi être engagé dans les cas les plus graves à cause d'une insuffisance rénale secondaire à la myosite.

La cause du coup de sang ? « C’est un déséquilibre entre l’apport énergétique et l’exercice. Une alimentation trop riche et inadéquate, en particulier trop d’amidon, par rapport à l'effort effectué par votre cheval. Ce n’est d’ailleurs pas forcément lié à un surpoids. » C’est le plus souvent le cas lorsque le cheval a arrêté son activité pendant un ou plusieurs jours sans pour autant que son alimentation soit diminuée. Le coup de sang intervient alors lorsque le cheval reprend une activité plus ou moins intense.

Lorsque les symptômes apparaissent, il est préférable d’appeler votre vétérinaire. Un geste d’autant plus essentiel que cette maladie peut être confondue avec les coliques, lorsque par exemple, le cheval est prostré, en sueurs, et qu’il a du mal à se déplacer. En attendant, surtout, le cheval doit être laissé tranquille au box, en éliminant les apports alimentaires concentrés. Seuls le foin et de l’eau claire sont préconisés. « Il est impératif de ne pas faire marcher son cheval. En voulant bien faire, on essaie de diminuer la raideur par une activité, mais cela a un effet inverse à celui recherché. En revanche, si le cheval est au pré sous la pluie, il est recommandé de le rentrer au sec et au chaud, en lui mettant une couverture. »

Selon la gravité, les traitements seront adaptés. Pour les atteintes les plus légères, du repos sera conseillé. Le vétérinaire procédera la plupart du temps à une prise de sang pour doser les paramètres musculaires, voire à une biopsie musculaire. « Ces examens permettent de connaître le degré de gravité et de savoir si elle est due à une prédisposition génétique. Selon les cas et la gravité, on orientera le traitement. » La base du traitement, c’est le repos complet du cheval au box, de quelques jours à plusieurs semaines en fonction de l'évolution des paramètres musculaires, accompagnée d’un allègement des rations. « Nous prescrivons généralement des anti-inflammatoires pour gérer la douleur, mais ils sont potentiellement néfastes pour les reins, et il est parfois nécessaire de perfuser le cheval pour favoriser l'élimination des toxines musculaires et protéger les reins. Des compléments alimentaires, vitamine E et sélénium, peuvent être bénéfiques pour aider à la récupération musculaire. »

Comment prévenir ?

• Pour les chevaux qui n’ont fait qu’une crise sporadique, pas d’inquiétude, le vétérinaire ne modifiera vraisemblablement rien, sauf s’il constate une anomalie alimentaire

• S’il y a récidive, une prise de sang et une biopsie musculaire permettront de savoir si votre cheval a une prédisposition génétique –et laquelle- afin de définir un traitement approprié

• Adaptez l'alimentation quotidiennement en fonction de l’activité

• Sortez votre cheval très régulièrement, si possible tous les jours, pour un minimum d’activité quotidienne

Encadré

On l’appelle le coup de sang mais aussi…

Maladie du lundi, myosite, syndrome d'azoturie, tying-up, rhabdomyolyse, myoglobinurie paroxystique.

Le vrai-faux

Il y a des races qui sont plus sensibles à cette maladie…

« Oui, le pur-sang ou l’irish cob sont prédisposés. Ils portent un gène qui les fragilise face à cette pathologie. »

Le vrai-faux

Les chevaux sont touchés principalement le lundi…

« Ce n’est plus du tout vrai. C’était effectivement le cas lorsque l’on utilisait les chevaux pour le travail des champs. Ils étaient mis au repos le dimanche et reprenaient le travail le lundi matin… Aujourd’hui, elle peut évidemment intervenir à tout moment. »

Le vrai-faux

Mâle et femelles sont touchés de la même façon…

« Non, les juments sont statistiquement plus touchés que les chevaux. On ne sait pas vraiment pour quelles raisons, mais il doit y avoir une composante hormonale dans cette maladie. »

Le vrai-faux

La récidive est incontournable…

« Non, certains chevaux peuvent faire une crise sporadique et ne plus jamais en être atteints. La récidive est possible lorsqu’il y a prédisposition génétique. »

Un conseil

Pour faire la distinction entre coliques et coup de sang

« En cas de coup de sang, les muscles de votre cheval sont fermes et douloureux, ses urines sont foncées, et il a une démarche raide. Lors de colique, le cheval est couché ou agité, n'est pas intéressé par la nourriture et a un transit ralenti. »

Photos Mickaël Robert- ONIRIS
Photos Mickaël Robert- ONIRIS

Photos Mickaël Robert- ONIRIS