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Le blog pro de Barbara Merle

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Suros : un sale coup !

Publié par Barbara Merle in Sports Equestres, Pathologies du cheval, Suros

Suros : un sale coup !

Les traumatismes sont l’une des causes les plus fréquentes de boiterie chez le cheval. A la suite d’un coup sur un membre, une excroissance osseuse peut se former : c’est le suros. Dans la grande majorité des cas, du repos et un traitement local adapté permettront un rapide retour à la normale…

Cette pathologie est très largement répandue chez les chevaux de course, mais le suros l’est également parmi les chevaux de sports équestres. « Il apparait suite à un coup de pied d’un autre cheval ou un coup que le cheval se donne lui-même lors du travail. Il se situe, dans la plupart des cas, le long de l’os du canon (os métacarpien), plus précisément au niveau latéral. Mais on peut aussi avoir des suros sur les métacarpiens rudimentaires latéraux ou internes, ou encore sur le paturon, » explique Gabriel Cuevas, professeur en chirurgie à la clinique équine de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT). Tout dépend du traumatisme donc, mais suite à un coup, une inflammation locale du périoste (la couche qui recouvre l’os) se produit, ce qui entraîne une excroissance de la partie de l’os touchée. « Dès qu’il y a traumatisme, la zone atteinte devient vite chaude. Si on l’identifie rapidement, on injecte un anti-inflammatoire qui évitera le développement du suros. Une fois l’inflammation passée, dans certains cas, l’excroissance ne gênera plus le cheval, on l’appelle le suros inactif. Mais dans d’autres cas, l’inflammation persiste (suros actif), il y a douleurs lors de la palpation et surtout une boiterie persistante ou récidivante. » Cette bosse est souvent visible à l’œil ; on peut alors observer un renflement du membre au niveau du canon.

Pour le vétérinaire, si le suros est indolore pour le cheval, autant ne pas y toucher. En revanche, s’il y a boiterie, une radio voire une échographie est indiquée pour définir le stade d’inflammation et d’évolution du suros. Cet examen permet également d’affiner le diagnostic. « Au niveau du canon, il y a des pathologies distinctes qui ont les mêmes symptômes mais qui se soignent différemment, le suros et une fêlure au niveau du canon ; comme la fracture dite de stress chez les chevaux de course, ou une fracture traumatique (chevaux de pré) au niveau de l’os rudimentaire. Si on ne traite pas spécifiquement, il peut y avoir fracture totale du canon ou la formation d’un séquestre osseux (fragment osseux qui se détache). Le suros est bien sure moins grave. »

Une fois le diagnostic du suros établi, une injection d’anti-inflammatoires, des bandages d’argile ou de glace, et du repos- une quinzaine de jours en général- devront suffire pour traiter le suros douloureux. Pour les excroissances mal placées qui vont gêner la locomotion (ligament suspenseur) du cheval, la chirurgie s’impose. « C’est une chirurgie simple, on enlève l’excroissance, cela nécessite deux à trois semaines de repos. Le risque : le retour d’un suros, mais cela s’avère assez rare. »

Même si cette pathologie est assez bénigne, elle nécessite quand même au moins deux semaines d’arrêt de l’activité. Pas toujours pratique lorsque l’on prépare ou l’on entame sa saison de concours. Alors un conseil : dès que l’on s’aperçoit d’une atteinte au niveau du canon ou du paturon, autant traiter tout de suite !

Le vrai-faux

Un suros fait obligatoirement boiter le cheval…

« Non, cela dépend de sa localisation et de son stade. S’il ne gène pas, un cheval pourra vivre avec un suros sans problème. Quand il boite, le cheval est en général plus gêné à froid sur des sols durs. »

Le vrai-faux

Est-ce une pathologie récidivante ?

« Non, pas forcément, mais cela arrive plus fréquemment parmi les chevaux de course qui se tapent en course, ou parmi les chevaux au pré qui reçoivent des coups de pied de leurs congénères. »

Le vrai-faux

Le cheval qui prend de l’âge est également plus sujet aux suros…

« Non, même si on l’entend souvent dire. Il n’existe aucune corrélation entre l’âge du cheval et l’apparition d’un suros, sauf peut-être pour les chevaux lourds au niveau du paturon. »

Le vrai-faux

Un suros peut apparaître au niveau d’un ligament…

« Non, un ligament ne formera pas de suros. C’est le périoste, la couche externe de l’os qui produit cette excroissance. »

Le conseil du véto

« Pour les chevaux qui ont des défauts d’aplomb et qui se font des atteintes lors du travail, il est très important de leur mettre des bandes de travail ou des protections adaptées. »