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Le blog pro de Barbara Merle

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L'eau, ça ne coule pas de source!

Publié le 18 Juin 2014 par Barbara Merle in Sports Equestres, Maladies de l'eau, La qualité de l'eau pour le cheval

Elément vital, l’eau peut aussi être à l’origine de pathologies diverses, chez le cheval comme chez l’Homme. Des troubles pas forcément graves mais qui sont invalidants, surtout chez le cheval de sports. Une méforme plus ou moins sévère qui altère au minimum le bien-être et la performance. La seule prévention : veiller à la qualité de l’eau.

L’eau fait partie intégrante de l’alimentation du cheval. Il en consomme au minimum 20 litres par jour, jusqu’à quatre fois plus. La qualité et la quantité de l’eau sont donc des facteurs essentiels pour sa santé. S’il manque d’eau, le cheval peut souffrir de déshydratation (cf Sports Equestres juillet 2013). S’il en boit trop, trop vite et trop froide, cela peut lui provoquer des douleurs digestives inconfortables, voire des coliques.

Et si l’eau est de mauvaise qualité, le cheval peut être sujet à des troubles très divers, la plupart digestifs. « Finalement, il existe aujourd’hui assez peu d’indicateurs sur les conséquences de la mauvaise qualité de l’eau sur le cheval. On sous-estime trop cet aliment. Il est un animal moins fragile que l’humain, mais plus fragile que les ovins ou les bovins. Il est vrai que les normes de consommation humaines sont très strictes et qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes sur cette eau de boisson. Mais d’une part le cheval en consomme beaucoup plus que l’Homme et que d’autre part, il est alimenté en eau par d’autres sources que le réseau classique : sources, torrents, mares…, » précise Pierre-Hugues Pitel, directeur du pôle santé de LABÉO Frank Duncombe, le pôle d’analyses et de recherche de Normandie, spécialisé entre autre sur la santé du cheval.

De nombreux facteurs rentrent ainsi en jeu : son contenant (cf Vrai-Faux), l’origine de l’eau (l’eau d’un puits ou d’une mare n’est pas contrôlée par les autorités sanitaires), la façon dont l’eau est distribuée (l’état des tuyauteries) et sa qualité intrinsèque. Ceci concerne la qualité chimique, sa teneur en fer, en plomb, en chlore, et microbiologique, en d’autres termes, si elle est salubre ou pas. Avec des conséquences diverses… « Si l’eau est trop chlorée, elle aura mauvais goût, ou trop terreuse, le cheval n’aura pas envie de la boire. Trop de chlore peut être également source de diarrhées. Une intoxication chronique au plomb provoque des anémies et l’amaurose, la cécité. Nous n'avons par ailleurs à ce jour aucun recul sur l'impact des les chevaux d'une eau trop riche en pesticides ou en résidus de médicaments. »

Une mauvaise qualité microbiologique est quant à elle liée à l’infection de l’eau par des bactéries ou des virus. « Les bactéries incriminées le plus fréquemment sont les salmonelles (responsables de la salmonellose), les leptospires (leptospirose) (cf encadré), les clostridium (diarrhées, troubles intestinaux), les escherichia coli, naturellement présentes dans l’organisme, mais pathogènes en trop grand nombre (gastroentérites-méningites-infections urinaires). Le vibrio responsable du choléra en fait partie mais le risque est à exclure chez le cheval. Certains virus sont également résistants à l’eau, c’est le cas des rotavirus (diarrhées). » Le développement de micro-algues dans une eau stagnante est par ailleurs propice à la libération de toxines qui peuvent aussi provoquer des troubles digestifs.

L’eau peut enfin être une sorte de « nid » pour certains animaux. En effet, une eau stagnante est une zone de reproduction de moustiques et autres insectes. Dans ce cas, l’eau n’est pas directement responsable d’une pathologie, car les larves ingérées ne provoquent pas de troubles chez le cheval. En revanche, les insectes, une fois éclos, sont sources de multiples pathologies suite à leurs piqures.

Si la plupart de ces maladies se soignent, il est possible d’en éviter un certain nombre avec un minimum de précautions d’usage et de bon sens. C’est d’abord veiller à ce que son cheval ait toujours accès à de l’eau fraiche, la changer tous les jours surtout l’été, vérifier qu’il n’y ait pas d’excréments dedans, nettoyer abreuvoirs, seaux et bacs très régulièrement. C’est ensuite veiller à la qualité de l’eau, surtout si le cheval est abreuvé par une eau « naturelle ». « Si vous avez un puits, une source ou une mare, faites analyser l’eau tous les ans au moins. Vous connaîtrez la teneur en pesticides, en résidus médicamenteux, en plomb… et prendre les bonnes dispositions. C’est la meilleure prévention qu’il soit. »

Vrai-Faux

Une eau claire est une eau de bonne qualité

« Pas du tout, ce n’est pas parce qu’elle est belle qu’elle est bonne. Elle peut contenir des bactéries sans pour autant ou des anomalies chimiques sans modification visuelle. En revanche, une eau boueuse, troublée est forcément de mauvaise qualité. »

Vrai-Faux

Il faut faire également attention aussi au contenant…

« Absolument, même si l’eau est de très bonne qualité, son contenant, l’abreuvoir, le seau ou le bac, peut être souillé et être à risques pour le cheval. Il est essentiel de le nettoyer régulièrement, même les abreuvoirs automatiques. Ce n’est pas parce que l’eau est renouvelée qu’elle ne risque pas d’être souillée. Il est également totalement déconseillé d’utiliser de vieilles baignoires qui ont été peintes avec une peinture au plomb. »

Vrai-Faux

La leptospirose est la plupart du temps mortelle…

« Non, dans la majorité des cas, elle provoque des troubles modérés et complètement réversibles, qui ne dégénèrent pas forcément vers la mort. »

Vrai-Faux

La leptospirose est due à l’ingestion d’eau…

« Pas seulement. Ce qui est beaucoup moins connu, c’est que les leptospires, qui ont une forme de ressort, peuvent tout à fait passer par les pores de la peau du cheval, a fortiori, par une plaie ou des petites lésions cutanées. »

Encadré

La leptospirose

C’est sans doute la maladie transmise par l'eau la plus répandue, elle est véhiculée par l’urine des rongeurs qui peut infecter l’eau. Les leptospires (des bactéries microscopiques), une fois ingérées, se localisent essentiellement dans les reins.

Les symptômes : méforme, dégradation de l’état général, fièvre, diarrhées, oedèmes, problèmes hépatiques. Il existe une forme plus aigue qui provoque uvéïtes et avortements. Dans quelques cas, plus rares, elle est mortelle en causant une hépatite et une néphrite. Un traitement antibiotique classique se concentrant dans les reins est la plupart du temps suffisant.

« Cette maladie a une particularité : beaucoup de chevaux sont porteurs de ces bactéries dans leurs reins sans être malades. Il y a deux risques : c’est qu’en se retrouvant éjectées par les urines, elles contaminent d’autres chevaux via l'environnement, et qu’à la faveur d’une baisse de l’état général, elles passent dans la circulation sanguine, devenant alors plus dangereuses. »

Comment l’éviter ? : éviter la présence des rongeurs dans les écuries, de laisser les chevaux dans un environnement trop humide, surtout s’ils ont une plaie, couper les herbes folles sur les berges, changer l’eau tous les jours.

Pour en savoir plus

www.labo-frank-duncombe.fr

L'eau, ça ne coule pas de source!
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H
Cet article est très intéressant, merci beaucoup de l'avoir partagé. Je note l'info pour la leptospirose, je pensais vraiment que cette maladie ne s'attrapait qu'avec de l'eau de mauvaise qualité.
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M
Merci pour ce commentaire :-))