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Le blog pro de Barbara Merle

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Les dorsalgies dans Sports Equestres de novembre

Publié par Barbara Merle

Dorsalgies : attention à la selle !

Les douleurs du dos chez le cheval sont nombreuses et d’origines variées. Certaines des causes de dorsalgie sont liées à la selle. Mal adaptée ou défectueuse, la selle peut provoquer des affections invalidantes.

Les dorsalgies sont un terme générique qui englobe toutes les régions du dos : des cervicales au sacrum. Elles peuvent ainsi impliquer des structures musculaire, nerveuse, osseuse ou articulaire. « Le dos est un tout, il ne peut être considéré que dans son ensemble. Un disfonctionnement lombaire peut avoir des répercussions au niveau cervical ou réciproquement, car il y a des phénomènes de compensation. Par ailleurs, il faut rappeler que le dos du cheval n’est pas fait pour porter une selle, ni son cavalier, » prévient Olivier Geffroy, professeur en chirurgie équine à ONIRIS, l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes. La localisation d’un problème physique chez le cheval lié à l’usage de la selle n’est donc pas automatiquement située au niveau thoracique, là où la selle repose. Ce type de dorsalgie est assez complexe. « Il existe différents niveaux, différentes causes qui vont avoir des effets divers : une selle abîmée, un mauvais sanglage, une mauvaise position de la selle, trop en avant- comme c’est la mode en ce moment- une selle pas adaptée à la morphologie du cheval, peuvent traumatiser directement les structures sous-jacentes. Une lésion ostéo-articulaire peut également siéger sous la selle (par exemple de l’arthrose ou un conflit du processus épineux*) et recevoir la pression de la selle qui agit alors comme révélateur. Une simple pression localisée peut entraîner de la douleur, puis une contracture. On rentre alors dans le cercle vicieux de la dorsalgie douleur-contracture, qui augmente la douleur, qui augmente la contracture et ainsi de suite... Et ceci est variable en fonction de la morphologie du cheval, de la discipline, de son niveau... A cela, il va falloir rajouter le poids du cavalier et son expertise équestre. » Autant d’éléments qui peuvent provoquer des douleurs du dos, avec des symptômes qui ne sont pas toujours faciles à déceler.

Certains sont cependant visibles pour un non professionnel : par exemple, des zones d’usure marquées sur certaines zones du dos, une peau qui s’épaissit, des poils blancs qui apparaissent localement. « Certaines contractures peuvent être décelées au toucher. Par exemple, lorsque l’on passe ses doigts de chaque côté à l’arrière du garrot, on peut sentir deux petites boules. On peut aussi sentir certains muscles qui deviennent durs au toucher, ce qui est anormal. Mais ce qui est compliqué, c’est qu’une petite douleur peut être invisible chez un cheval de cavalier amateur et visible chez un pro car les exigences de travail ne sont pas les mêmes. Il y a des chevaux qui ont mal au dos et qui font leur boulot ! Mais plus on est à un niveau d’exigence élevé, plus la tolérance peut s’avérer problématique. » L’observation du comportement du cheval est aussi un précieux outil de diagnostic. Lorsqu’il réagit lors du pansage, lorsqu’on lui met la selle sur le dos, qu’il a des difficultés à réaliser certaines figures, qu’on le sent gêné dans ses déplacements ou chez qui la qualité du saut est dégradé, cela doit questionner son propriétaire.

Un diagnostic par un vétérinaire sera alors nécessaire : examens locomoteurs, souvent associés à une échographie, parfois à une radio. Ils permettront de localiser le point de douleur et d’en élucider la cause, préalable indispensable à la mise en place d’un traitement adéquat. « L’administration d’anti-inflammatoires par voie générale n’est pas très courante car ils s’avèrent peu efficaces, sauf dans des cas d’origine traumatique, comme une chute par exemple. On supprime ou on atténue la douleur, mais on ne traite pas la cause, ce qui n’est pas très intéressant. Les infiltrations sont souvent préconisées car elles soulagent la lésion, et cela permet de retrouver un fonctionnement harmonieux du dos. Le but est de casser le cercle vicieux locomotion-lésion : la douleur amène à prendre des attitudes dites antalgiques qui aggravent la douleur, et même parfois la lésion. Avec l’évolution des techniques, comme l’infiltration guidée par échographie, on devient de plus en plus précis. Si la lésion est plus bénigne, que les troubles sont plutôt fonctionnels, l’ostéopathie est recommandée. Et dans le cas de contractures, la mésothérapie ** est très utile. En revanche, la chirurgie est rarement prescrite pour les affections dorsales, sauf lors de certaines fractures du garrot et dans certains cas rebelles de conflit de processus épineux. »

Pour prévenir les dorsalgies, il est essentiel aux yeux du vétérinaire de suivre quelques conseils de bon sens (voir encadré), mais également de préparer physiquement au mieux son cheval, c’est à dire muscler correctement son dos. « Comme naturellement, le cheval n’a pas une musculature faite pour porter une selle et son cavalier, il faut une préparation préalable pour offrir une bonne surface portante. Et la façon la plus simple, c’est de lui étendre la tête et l’encolure, ce qui va, grâce au très puissant ligament nucal, mettre sous tension la ligne du dos dans son ensemble. On crée une véritable zone de protection biomécanique pour les structures thoraciques situées sous la selle. Au fur et à mesure, le cheval apprendra à se servir de son dos. » Un travail de musculation du cheval, dès le plus jeune âge, qui devra être entretenu tout au long de sa vie, au quotidien, à chaque séance.

(*) Conflit du processus épineux : rapprochement des processus épineux situés au dessus des vertèbres, avec une atteinte des ligaments qui les relie et de leurs attaches sur l’os.

(*) Mésothérapie : Injection de médicaments par micro-injections dans les couches profondes de la peau.

Vrai-faux

Une selle apparemment en bon état peut-elle provoquer des dorsalgies ?

« Oui, si elle est mal adaptée au cheval. Par exemple, si elle est trop petite ou trop grande, si elle serre trop au niveau du garrot ou des épaules, une sangle neuve ou un cheval trop sanglé. Il ne faut pas oublier que sangler juste, c’est quand il n’y a pas d’espace spontané entre la sangle et le ventre du cheval, mais où l’on peut passer facilement les doigts ! Cela peut être également à cause d’un arçon défectueux. »

Vrai-faux

Le cavalier lui-même peut-il être en cause ?

« Oui, cela dépend de son équitation et parfois de son poids, par exemple un cavalier qui n’est pas dans un bon équilibre ou qui ‘’pèse’’ sur le cheval, qui n’est pas à sa place. »

Vrai-Faux

Un amortisseur vous semble-il un bon moyen de limiter les risques ?

« Cela dépend. Les matériaux utilisés pour la fabrication des selles ont fait beaucoup de progrès et ont des effets positifs sur le dos du cheval. Mettre trop de couches entre la selle et le cheval les atténue. Une selle bien adaptée ne nécessite donc pas un amortisseur, d’autant plus si le cavalier a un bon niveau d’équitation, une bonne position, un bon équilibre. Un amortisseur peut cependant être utile quand on veut gommer les imperfections de la selle. Dans ce cas, je préconise un amortisseur en laine qui peu améliorer l’adéquation selle-dos sans détériorer l’effet amortissant des matelassures, à défaut un tapis style peau de mouton peut être utilisé, de préférence à ceux en gel, qui démontrent moins de qualités, voire certains défauts dans les études de pression. »

Vrai-faux

La selle sur-mesure est-elle la meilleure solution ?

« Pas forcément. Tout le monde n’en n’a pas les moyens, et il existe de très bonnes selles d’occasion qui ne sont pas sur-mesure ! Par ailleurs, on prend les mesures de ces selles sur le dos de chevaux au repos, ce qui est très différent du cheval au travail. Le dos du cheval évolue aussi au cours de sa vie. Ce qui est essentiel en revanche, c’est de se faire conseiller par un professionnel, un sellier. Lorsque le cheval a eu des problèmes de dorsalgies, l’avis doit être complété par celui du vétérinaire. »

Encadré

Les astuces du véto

- Achetez des cuirs de qualité, entretenez vos selles très régulièrement, utilisez des tapis propres

- Le pansage est très important. Il faut revenir au pansage à l’ancienne, avec de bonnes étrilles qui permettent de bien nettoyer et en même temps de faire un bon massage. Privilégiez les étrilles en plastique avec des picots courts et faites des mouvements circulaires, cela permet l’élimination des restes d’acides lactiques de la veille, l’assainissement de la peau et sollicite la circulation sanguine.

- Evitez de mettre trop de couches entre la selle et le dos du cheval : un bon tapis suffit. J’aime bien ceux qui sont en tissage alvéolé et qui permettent une bonne microcirculation de la peau.

- Positionnez la selle où elle se place naturellement sans l’avancer.

- Sanglez doucement et progressivement, y compris au cours du travail

- Marchez à pied quelques minutes avant de monter

- Travaillez avec un entraîneur qui vous conseillera dans un travail le plus adapté à votre cheval, à son âge, son niveau, sa discipline et qui vous aidera à corriger vos défauts d’équitation.

Copyright Barbara Merle
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