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Le blog pro de Barbara Merle

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Surpoids : un problème pour le cheval? dans Sports Equestres

Publié par Barbara Merle in Sports Equestres, Surpoids cavalier

Parce que le cheval est un animal grand, fort et lourd, on ne se préoccupe que depuis peu du poids qu’il porte, à savoir celui de son cavalier. Un cheval peut-il supporter sans répercussions une charge sur son dos, qui parfois devient une surcharge ? Quelles sont les conséquences physiques sur le cheval ? Comment un cavalier doit-il choisir son cheval en fonction de son poids ? Autant de questions qui se posent, mais qui n’ont pas pour autant de réponses évidentes…

Selon une étude britannique publiée en mars dernier par le « Journal of Veterinary Behavior », il existerait un poids maximum que pourrait supporter chaque cheval, en fonction de son propre poids, et qui serait sans conséquences préjudiciables pour sa santé. Le docteur Hayley Randle du Duchy College dans les Cornouailles a, en effet, étudié 152 chevaux et leurs cavaliers, et a établi un ratio idéal entre le poids du cheval et du cavalier. Ce chercheur estime que le ratio optimum serait de 10%. Jusqu’à 15%, il serait satisfaisant, et au delà de 20%, il comporterait de réels risques pour le physique du cheval. Cela voudrait concrètement dire qu’un cheval de 500kg ne devrait pas porter un cavalier de plus de 75kg, et qu’à partir de 100kg, cela deviendrait néfaste pour lui. « Les gens ont tendance à penser qu'il n'y a pas de problèmes car les chevaux sont de si grands animaux que la question du poids du cavalier ne se poserait pas. Mais l'impact sur la santé du cheval peut être assez important, assez rapidement, » a déclaré le chercheur. Dans cette étude, seuls 5% des cavaliers avaient un poids optimum (ratio de moins de 10%), 62% avaient un poids jugé entre optimum et satisfaisant, et 33% étaient en surpoids. Conclusion donc : 1/3 des cavaliers seraient trop lourds pour leurs chevaux !

« C’est intéressant mais il manque des éléments pour mieux appréhender le sujet. On ne tient pas compte de la race du cheval, de son âge, de sa musculature, ni du niveau du cavalier, qui sont des éléments déterminants pour tirer de réelles conclusions. Par exemple, quand on porte un enfant de 5 ans dans les bras et qu’il est calme, cela ne nous pose pas de problèmes. En revanche, s’il est agité, c’est une autre affaire, nous avons l’impression qu’il est plus lourd à porter. C’est pareil en biomécanique équestre. Si un cavalier n’est pas en équilibre et pas stable sur le dos du cheval, il est plus lourd pour le cheval, » précise Pascale Phillpot, coach en biomécanique du cavalier, praticienne en shiatsu équin. « Ne parler que du surpoids est un peu réducteur. Regardez en courses de galop, le poids porté par le cheval est défini en fonction de ses résultats antérieurs. Il a une influence sur la performance car on essaye de mettre tout le monde à égalité de chances en introduisant des handicaps, du poids en plus. Un pur sang va peser entre 420 et 530 kg et va porter 70 kg, soit environ 1/7 de son poids. D’une manière plus générale, il y a des chevaux porteurs et des chevaux pas porteurs. Des dos courts et forts seront plus porteurs que des dos longs et légers. Un barbe ou un quarter horse va porter plus qu’un pur sang. Il y a aussi des chevaux qui s’affaissent quand on monte dessus et d’autres sont bien stables. Ce sont généralement des dorsalgies, parfois aggravées par des pathologies de membres (pieds antérieurs, boulets antérieurs…), » complète Sébastien Caure, vétérinaire équin dans le Calvados, spécialiste de la locomotion.

Aujourd’hui, la communauté vétérinaire s’accorde sur le fait qu’un cavalier trop lourd pour son cheval, tout comme un cavalier en perpétuel déséquilibre ou trop asymétrique, peut lui provoquer des problèmes lombaires, mais également des boiteries, voire des lésions au niveau des pieds. « Lors des réceptions, le cheval va avoir une tonne sur un pied. Alors une tonne plus 80 ou une tonne plus 90 kg, cela fait peu de différence. Par contre, une tonne avec un sac de patate, ou bien une tonne avec un sportif qui accompagne le mouvement du cheval et qui a son centre de gravité au bon endroit, cela change beaucoup, » illustre Sébastien Caure.

« Il y a un autre facteur déterminant, pas abordé dans cette étude, c’est le poids de la selle et peut-être surtout, si le cheval a une selle bien adaptée. Une selle trop serrée au niveau des épaules ou trop longue, qui porte sur les épaules ou sur les lombaires, peut provoquer des lésions importantes. Une selle trop petite pour un cavalier, corpulent qui plus est, ne l’aidera pas non plus à être à sa place, en équilibre. Attention, car une selle de 18 pouces n’est pas adaptée à tous les chevaux, » complète la praticienne.

Il ne faut pas faire de généralités sur ce sujet car chaque cas est particulier, chaque cheval avec sa morphologie et ses « faiblesses », et chaque cavalier avec son poids, son surpoids, sa façon de monter et son niveau d’équitation. « La surcharge pondérale du cavalier n’est pas un problème en soi quand le cavalier est bien en équilibre sur son cheval et qu’il est bien adapté au cheval, grosso modo le ratio donné par l’étude. Cela dépend aussi du type de surpoids du cavalier. Les hommes ont plutôt tendance à le porter au niveau de l’abdomen. Chez les hommes avec un abdomen proéminant, cela peut peser sur les épaules du cheval, il est donc nécessaire de trouver un équilibre adéquat. Les femmes vont plutôt porter leur surcharge pondérale au niveau des fesses et des cuisses, ce qui est plus facile pour maintenir le centre de gravité à sa place. Il y a plus de poids à gérer, plus de problèmes de souffle, et parfois un manque de tonicité musculaire, mais chaque personne est différente, » explique Pascale Philpott.

La première des choses à faire est donc avant tout de choisir un cheval en fonction de sa taille, mais aussi et surtout de son poids, préférer les chevaux plus porteurs lorsque l’on est en surcharge pondérale, être encore plus attentif au choix de sa selle, pour son confort de cavalier, tout comme pour l’intégrité physique de son cheval, de son dos et de ses membres.

« Plus on est léger, mieux c’est. Le surpoids limite l’agilité, la forme du cavalier. Un cavalier à son poids de forme sera un meilleur athlète et aura un geste sportif de meilleure qualité. Son équitation sera donc plus efficace et plus économique pour le cheval, qui s’en portera d’autant mieux. C’est d’ailleurs plus la forme qu’il faut rechercher. Un cavalier en bonne forme montera mieux et fera moins de mal à son cheval qu’un top model raide comme un bout de bois. Mais il faut surtout bien échauffer le cheval et avoir une équitation légère, » prévient le vétérinaire.

Que l’on soit en surpoids ou non, l’équitation reste une activité physique. C’est un sport complet qui permet de faire travailler l’ensemble du corps, et qui est d’autant plus préconisé pour les personnes en surpoids, qu’il n’est pas violent pour les articulations, ni pour le dos, lorsqu’il est bien enseigné, avec une bonne position. « Il est nécessaire d’utiliser ses abdos et tous les muscles de son corps pour se tenir à cheval. L’essentiel, pour les cavaliers, c’est de prendre conscience de leur corps, de comprendre leur équilibre et leur centre de gravité, c’est à dire répartir son poids de façon équilibrée sur les cuisses et les ischions, et ça ce n’est pas évident. Ca l’est souvent d’autant moins que l’on se sent mal dans son corps, qu’on ne l’assume pas, lorsque l’on est en surpoids par exemple. Il existe de nombreuses techniques qui aident à cette prise de conscience du corps, comme le yoga, les méthodes Pilates, ou Feldenkrais… ou celles adaptées à l’équitation, Alexander ou Mary Wanless, » conclue la coach en biomécanique du cavalier.

Deux exercices

… pour trouver la position neutre de la colonne vertébrale, position optimale pour absorber les mouvements du cheval :

Assis sur le bord d'une chaise, placez vos mains sous vos fessiers pour sentir vos ischions, paume de main vers le sol. Cambrez votre dos puis, arrondissez votre dos pour ressentir vos ischions bouger sur vos mains. Puis, décomposer ces mouvements pour trouvez la position des ischions pointés vers le sol. Prenez conscience de ce que vous devez faire avec votre corps pour retrouver cette position une fois à cheval.

… pour maintenir le haut du corps stable et utiliser les abdominaux :

Assis sur une chaise comme ci-dessus avec les ischions pointés vers le bas. Prenez un ballon de décoration et pincez le entre vos lèvres. Posez vos mains sur votre abdomen. Soufflez dans le ballon pour le gonfler. A chaque inspiration, vous devez maintenir l'air dans le ballon avec la pression de vos lèvres uniquement. Notez ce qui se passe sous vos mains et combien d'expirations vous sont nécessaires pour gonfler le ballon. Si vous n'y arrivez pas, persévérez, cet exercice améliorera la tonicité de vos abdominaux, mais aussi votre respiration !

Pour en savoir plus

www.brayshiatsu.com

www.mary-wanless.com

www.techniquealexander.info

Surpoids : un problème pour le cheval? dans Sports Equestres
Surpoids : un problème pour le cheval? dans Sports Equestres