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Le blog pro de Barbara Merle

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Dermite estivale : ça pique ! dans Sports Equestres

Publié par Barbara Merle in Sports Equestres, Dermite, Gale d'été, Ardeurs

Avec l’été, les maladies saisonnières apparaissent. C’est le cas de la Dermite Estivale Récidivante Equine, appelée aussi « gale d’été » ou « ardeurs », une atteinte dermatologique complexe qui apparaît chez certains chevaux et qui refait surface chaque année. Impossible à guérir, elle est également invalidante à terme pour le cheval.

Démangeaisons, lésions de la peau, croûtes, épaississements cutanés, pertes de poils, avant tout au niveau du garrot et de la croupe… voici quelques uns des symptômes de la DERE. Avec une extension des zones possibles qui peut atteindre la tête, l’encolure, le dos, la base de la queue, voire les membres et le ventre. « Les chevaux sont souvent sujets à de nombreuses dermatoses avec démangeaisons et autres de ces symptômes. La dermite estivale est l’une d’entre elle. Cette affection est provoquée par des petits moucherons, les culicoïdes, à ne pas confondre avec les moustiques, les culicidés, » précise Patrick Bourdeau, vétérinaire spécialiste en dermatologie et parasitologie à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes (ONIRIS). La dermite estivale peut donc être confondue facilement avec de nombreuses autres affections dermatologiques, d’où la difficulté pour la diagnostiquer. Par ailleurs, les analyses cutanées complètes sont assez rarement réalisées. « La plupart du temps, le vétérinaire réalise son diagnostic par inclusion et exclusion. On inclue les informations dont on dispose, on fait l’association entre les démangeaisons, leur localisation et l’environnement dans lequel le cheval vit. Puis on exclut en éliminant les autres hypothèses compatibles, autres allergies, autres insectes (comme les taons), les parasitismes intestinaux, la gale… » Car l’environnement est un facteur déterminant de cette pathologie : la vie au pré dans une zone humide, boueuse, à proximité des cours d’eau… principalement donc au nord de la Loire, justement dans les régions traditionnelles d’élevage équin ! « Ces insectes ne se déplacent pas beaucoup. Et dans ces régions, lorsque l’on veut éloigner un cheval d’une zone infectée, on le rapproche obligatoirement d’une autre zone, car les zones humides sont partout. »

Ce qui fait également la spécificité de la DERE, c’est qu’elle ne touche que certains chevaux prédisposés ; l’hérédité étant un paramètre primordial. « Dans un effectif au pré, tous les chevaux seront piqués par des insectes, seuls un ou deux chevaux vont déclencher la DERE, une allergie qui est une réaction d’hypersensibilité, une réaction immunitaire déséquilibrée. Il existe une prédisposition génétique, on sait que certaines lignées sont plus touchées, et raciale, car elle atteint plus les poneys. » Elle commence à se manifester en général sur les jeunes chevaux pour récidiver ensuite tout au long de leur vie, par forcément chaque année, mais en fonction du temps qu’il fait et de la densité des insectes.

Comme traitement, il n’y a pas grand chose à faire hormis de réduire les symptômes. « Il y a des anti-inflammatoires comme les corticoïdes, mais il est nécessaire de les manier avec beaucoup de précaution. Les uns sont dopants, les autres induisent des risques de complication. La seule prévention efficace, ce serait de soustraire les animaux aux insectes. Mais c’est très difficile ! L’unique solution, c’est une action insecticide permanente avec des insecticides confirmés, et pas nombre des produits en para-médecine souvent faussement miraculeux. Le seul groupe d’insecticides qui a fait ses preuves, ce sont les pyréthrinoïdes. » Le traitement préventif est assez contraignant car il nécessite de protéger tout le corps du cheval avec cet insecticide liquide utilisé en spray ou à l’aide d’une éponge, tous les 15 jours au moins. Avec le coût qui va avec ! « Mais avoir un cheval coûte de l’argent. Le coût de la prévention est bien moindre que celui à mettre en place lors du traitement de l’allergie. Sans parler du coût des produits miraculeux qui sont au mieux inefficaces ! Il ne faut pas oublier que cette maladie rend les chevaux immontables, immontrables et invendables ! »

Vrai-faux

La DERE n’intervient que l’été et ne touche que les chevaux au pré …

« Pas tout à fait. Il y a des chevaux atteints tout au long de l’année même si le pic des cas se situe l’été. Les culicoïdes peuvent être actifs en hiver, comme cela a été montré à la faveur d’une étude d’une autre maladie qui a touché les ruminants, la ‘’blue tongue’’, transmise par ces insectes. Les chevaux en box peuvent aussi être atteints, même si c’est moins fréquent. La présence d’autres insectes piqueurs vient aggraver et entretient la maladie. »

Vrai-faux

Comme elle est rarement diagnostiquée par analyse, qu’il n’y pas vraiment de traitement, pas besoin d’appeler le vétérinaire…

« Non au contraire, c’est une allergie et la prise en charge de cette maladie nécessite une gestion médicale sur-mesure adaptée à chaque cheval par un professionnel. Il aidera également le propriétaire à limiter les risques d’exposition et conseillera sur les outils de prévention à mettre en place l’année suivante. »

Vrai-faux

La DERE ne se guérit pas…

« Oui, comme toute allergie, il n’existe pas de traitement curatif, mais des traitements existent pour corriger les symptômes. A l’automne, avec la diminution des insectes, les symptômes disparaissent la plupart du temps d’eux-mêmes. Il y a également les chevaux qui ont des signes cliniques toute l’année. Les tentatives de désensibilisation sont encore peu probantes. »

Vrai-faux

Comme toute maladie héréditaire, il ne faut pas faire reproduire des chevaux atteints …

« Oui, mais ce n’est pas rentré dans les faits dans la filière que ce soit pour les étalons ou les juments. Quand une jument est atteinte et qu’elle ne peut plus être montée, on a plutôt tendance à la mettre à la reproduction. »

Un conseil, comme ce n’est pas un vice rédhibitoire en cas de vente, on a plutôt intérêt à acheter son cheval l’été pour voir s’il n’est pas atteint.