On l’appelle aussi communément la maladie du cheval mort au pré. La myopathie atypique, apparue au début des années 2000 en Europe, commence à être mieux connue. L’automne et le printemps sont ses saisons de prédilection. En espérant que le printemps ne soit pas trop doux et humide…

Alors que les premiers cas sont apparus en 2002 en France, cette maladie, caractérisée par une dégénérescence musculaire, n’a cessé de gagner du terrain et elle est aujourd’hui bien présente un peu partout sur le territoire, et en Europe du Nord. « En France, ce sont surtout les régions du Nord, et du grand Ouest qui sont atteintes et les cas sont essentiellement répertoriés en automne et au printemps. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est qu’il y a eu un facteur déclenchant au début des années 2000 dont une des explications pourrait être liée au changement climatique avec des saisons plus humides et moins froides, » explique Christel Marcillaud-Pitel, vétérinaire, directeur du RESPE, Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine, basé à Caen dans le Calvados. Des études toutes récentes sur cette pathologie ont montré que la cause principale est une toxine présente dans les graines de certains érables dont l'Acer pseudoplatanus, l’érable sycomore. « La toxine est identifiée mais la maladie reste multi-factorielle. Il faut réunir plusieurs conditions particulières pour que des cas apparaissent : le temps qu’il fait, le degré de germination des graines certainement et la teneur en toxine, la quantité ingérée… qui sont liés à des facteurs climatiques et environnementaux. » Mais elle conserve encore ses mystères : Pourquoi est-elle apparue à ce moment là en Europe alors qu’il y a toujours eu des érables- ou presque ? Pourquoi cette graine devient-elle toxique à un moment donné ? Dans quelles conditions libère-t-elle des toxines ? Pourquoi, au Canada et aux EU, des pays où les érables sont très nombreux, le nombre de cas n’est proportionnellement pas plus élevé ? Pourquoi certaines années sont-elles plus ou moins propices à cette maladie ?

Les signes cliniques de la myopathie atypique apparaissent de manière soudaine et sont souvent fulgurants. Ils évoluent tellement rapidement que le cheval peut mourir en quelques heures. « Les signes les plus spécifiques sont que le cheval est atteint de raideur surtout au niveau de l’arrière-main, que ses urines sont très foncées (café ou chocolat), et qu’il est atteint la plupart du temps de tremblements, jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Le cheval est raide mais pas forcément abattu comme lorsqu’il a la grippe. La plupart du temps, d’ailleurs, il ne perd pas l’appétit. Ce qui est essentiel, pour un pré-diagnostic, c’est de recouper les conditions environnementales et climatiques : la saison, un cheval qui vit tout le temps au pré, qui ne mange que de l’herbe ou quasiment, qui vit dans une zone humide, la présence d’arbres évidemment, mais pas forcément tout près, car les graines d’érable sont disséminées par le vent ! »

Dès que vous croisez tous ces indices et symptômes, rentrez le cheval dans un box avant qu’il ne se couche au pré. Appelez le vétérinaire d’urgence. Il établira un diagnostic (prise de sang et biopsie, analyse des tissus) et mettra en place un traitement symptomatique : administration de vitamines E et de sélénium qui contrent les effets musculaires, et si nécessaire, le mettra sous perfusion. Car aucune antidote de la toxine n'existe actuellement, même si les recherches pour élaborer des traitements plus ciblés avancent.

La prévention n’est pas aisée compte tenu qu’il est inenvisageable de couper tous les érables sycomores, comme d’éviter la dissémination des graines. Il n'est par ailleurs pas exclu que la toxine puisse être contenue dans les fruits ou les graines d'autres arbres… Vérifiez la présence ou non d’érables à proximité de votre pâture, et si c’est le cas, changez si possible votre cheval de pré pendant les périodes sensibles. S’il vous est impossible de le mettre dans une autre pâture, complémentez le avec une autre alimentation. Il sera moins tenté par l’herbe et donc aura moins de risques d’ingérer les graines à risque.

Que faire ?

Avec un cheval atteint

- Appelez votre vétérinaire dès que vous observez des signes de la maladie,

- Rentrez votre cheval au box, il pourra vouloir se coucher et sera incapable de se relever. Le cheval sera dans un lieu confortable et les soins seront plus faciles,

- Il peut soit avoir de la fièvre, soit être en hypothermie. Prenez sa température. Si elle est inférieure à 37°C, réchauffez-le, bouchonnez-le s’il transpire,

- Donnez-lui de petites quantités de nourriture, du sucre et/ ou de l’eau sucrée si le cheval peut déglutir,

- Tentez de récolter de l’urine dans un seau ou un pot s’il urine en votre présence. Cela permettra de faire au plus vite des analyses,

Avec les chevaux dans le pré où un cas s’est déclaré

- Rentrez à l’écurie tous les chevaux et surveillez-les pendant 72 heures pour voir s’ils ont eux aussi des signes de la maladie,

- Nourrissez-les, abreuvez-les à volonté,

Le vrai du faux

Est-elle contagieuse ?

La MA ne présente pas les caractéristiques d’une maladie contagieuse. Cependant, son apparition étant liée à des conditions environnementales particulières, plusieurs chevaux pâturant sur une même prairie peuvent être affectés simultanément.

Le vrai du faux

Sévit-elle partout en Europe ?

Oui, mais pas de façon uniforme. 69 % des cas répertoriés depuis 2006 l’ont été en Belgique, en France et en Allemagne. Fin décembre, 415 cas compatibles avec le diagnostic de myopathie atypique ont été communiqués à la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège et au RESPE : 168 en Belgique, 97 en France, 51 en Grande Bretagne et en Allemagne, 22 aux Pays-Bas, 13 en Suisse et 11 en République Tchèque. Pour la France, le RESPE lui a recensé 78 suspicions de myopathie atypique. Les départements les plus touchés : 12 dans l'Oise et en Haute-Loire, 7 dans l'Eure, 6 en Seine-et-Marne et 5 dans le Val-d'Oise.

Le vrai du faux

Le froid est un bon allié pour éviter la maladie…

Oui, dès qu’il y a quelques jours de froid d’affilée, les nouveaux cas répertoriés diminuent énormément. Car le gel arrête la germination et évite certainement la libération de la toxine incriminée.

Mieux répertorier pour aider la recherche

Si vous êtes propriétaire, vous pouvez signaler un cas via VigiRESPE et l’envoi d’un sms ou sur le site www.respe.net. C’est essentiel pour aider à répertorier les cas, à mieux connaître l’évolution de la maladie et des zones de déclenchement… et donc à trouver au plus vite un traitement pour la soigner et l’éradiquer… !

Pour en savoir plus

http://www.myopathieatypique.fr/etiologie/

Télécharger ob_01a477_myopathie-atypique-pdf

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